dimanche 7 novembre 2010

Le point sur le réseau Liberté-Québec

Voici le logo d'un réseau qui se dit de droite.
(Ce n'est pas une blague, même si on dirait le logo du Bloc Québécois ou du PQ)



Cet article se veut un prolongement et un affinement de mon analyse du réseau Liberté-Québec publié dans un autre article. Ces réflexions tirent leur origine d'un commentaire laissé dans l'article en question, où on remet essentiellement en question les liens que je tisse entre le réseau Liberté-Québec et le mouvement séparatiste.

1) La première question est, est-ce que le réseau Liberté-Québec deviendra un parti ou non. L'auteur du commentaire en question affirme que non. Je suis beaucoup plus sceptique. Soulignons qu'en ce moment même, d'anciens (vraiment ?) séparatistes (François Legault, Joseph Facal) cherchent à fonder un nouveau parti de droite au Québec, et affirment eux aussi naïvement (ou perfidement ?) vouloir dépasser le clivage séparatiste/fédéraliste.
Bon, peut-être qu'il n'est aucunement question actuellement pour les membres fondateurs du réseau Liberté-Québec de sauter sur le train de François Legault, mais qu'en sera-t-il lorsqu'il fera vraiment voir ses intentions ? Ou plutôt, est-ce que le réseau Liberté-Québec ne sera pas une plateforme pour recruter les nouveaux membres et candidats de ce parti ? Soulignons la présence de Gérard Deltell et d'Éric Caire lors de la réunion de ce réseau à Québec il y a peu de temps. Ils y étaient pour des buts politiques bien évidents: tenter de sauver ce qui reste de l'ADQ pour l'un, et pour l'autre tenter de fonder un nouveau parti.

Il est donc naïf de croire qu'en se disant un mouvement ne cherchant pas à devenir un parti politique que le réseau n'aura aucune influence dans les projets des partis actuels et/ou futur.

2) La seconde question maintenant. Ma conclusion voulant que le réseau Liberté-Québec œuvre pour le camp séparatiste est plus complexe que de simplement dire: le réseau a une fleur de lys, il est donc séparatiste !

Mais plus profondément, intéressons-nous au nom: Liberté-QUÉBEC. Pourquoi pas le réseau Liberté-conservatisme ou Liberté-moralité ? Ce réseau prend explicitement pour limite géographique notre province, tout comme les partis politiques provinciaux. Ceci rend d'autant plus facile la récupération par les partis politiques existants ou sur le point d'exister (ADQ, Force Québec). En voulant sortir du clivage fédéraliste/séparatiste, ce réseau prend explicitement parti pour l'exclusion du reste du Canada !

Le réseau aurait pu prendre l'exemple du Tea Party, qui ne s'est pas limité à un seul État américain, mais a plutôt été une organisation nationale. C'est ce qui lui a donné autant de force ! Pourquoi ne pas avoir adopté le nom de Tea Party-Canada plutôt que Liberté-Québec ? Un nom est toujours un choix politique, et celui que je propose est nettement mieux que ce qui a été choisi !

L'auteur du commentaire me donne l'exemple d'Éric Duhaime qui a travaillé pour Gilles Duceppe et Stockwell Day. J'admire beaucoup cet homme, car il est un des seuls à parler haut et fort contre Québec Solidaire et le soutien tacite que ce parti offre aux terroristes. On pourrait multiplier les exemples et les contre-exemples sans fin de gens qui sont passés d'un côté à l'autre. Reste cependant ce qui suit: si un fédéraliste rejoint le Bloc, et bien le Bloc Québécois reste toujours un parti séparatiste !

Le Tea Party a fait le tour des États-Unis et ne s'est pas limité à un seul État !
3) Plus fondamentalement, la position que le réseau Liberté-Québec a choisie est très difficile à maintenir. Il s'agit d'une position médiane, implicitement autonomiste. Mario Dumont a su marcher sur cette mince ligne après avoir rejeté le séparatisme, tout en étant implicitement fédéraliste. Mais je doute que les membres du réseau Liberté-Québec ont la force morale et les capacités intellectuelles de maintenir le cap sur cette position très très ambiguë, et de résister aux variations de l'opinion.

Sortir de la chicane, comme vous dites, séparatiste et fédéraliste n'est pas vraiment possible au Québec. Il est utopique de penser éviter la question. (Il m'étonne d'ailleurs que ce soit des gens qui se disent de droite qui pensent qu'il est possible de ne pas prendre position, et non pas des pelleteux de nuages de gauche.) Si on lit entre les lignes, ce mouvement est autonomisme, soit à quelque part entre séparatiste et fédéraliste, mais plus près du premier que du second.

La plupart des membres de ce réseau sont issus des débris des l'ADQ. La plupart avaient rejoint ce parti parce qu'ils étaient de droite, d'autres parce qu'ils étaient séparatistes, mais aussi beaucoup par opportunisme. Ce sont les deux derniers auxquels je fais le moins confiance. Si le vent tourne, que feront-ils ? Poser la question, c'est y répondre.

Sur ce, je ne peux qu'inviter mes très chers lecteurs à continuer à boycotter ce réseau, jusqu'à nouvel ordre !

3 commentaires:

  1. 1) Parti de droite et Legault et Facal, moi c'est là que je suis sceptique. Je suis de Québec, je travaille avec Jeff Fillion et je connais assez bien les Éric Duhaime, Joanne Marcotte, Ian Sénéchal, Denis Julien, etc. De ce que j'en crois, les Legault et Facal pourraient faire un parti de lucides qui n'est qu'un autre parti de gauche. Une gauche qui sait compter. Une gauche qui finance ses trop nombreux programmes sociaux d'une autre manière.

    Donc le RLQ s'associer à ça? Ils perdraient leurs adhérants! Je commence à penser de plus en plus que l'ADQ est assez "lucide" elle même. On ne parle jamais de couper dans la taille de l'État. De créer de la richesse, de rendre plus efficace, mais jamais couper.

    2) Pour répondre simplement, oui c'est seulement pour le Québec. Le Fraser Institute et Le Manning Center font bien la job pour le Canada. Ils étaient d'ailleurs présents à cette réunion de séparatistes qui excluait le Canada. :P Comme Ezra Levant, ancien éditeur du Western Standard et qui a été la vedette de la journée. C'est au provincial que le gros de la job est à faire. Les gros services de proximité, c'est dans les provinces. Y'a tout de même une job à faire au fédéral, mais les regroupements existent déjà pour ça.

    Pourquoi pas Liberté-conservatrice ou Liberté-moralité? Parce que ce n'est pas ça! Comme le Tea Party, le RLQ est un regroupement de droite économique et rien d'autre. Pas de droite morale. Les gens de droite morale peuvent s'y joindre, mais c'est pas là qu'on va parler de leurs sujets s'ils ne sont pas de droite économique. Si ça ne fait pas votre affaire, désolé. Si vous voulez partir un mouvement de droite morale, have fun! Moi je n'y serai pas.

    3) La supposée position du RLQ, elle est nul part d'autre que dans votre tête. Le RLQ est un groupe de pression, simple comme ça. Est-ce que l'Institut économique de Montréal a déjà eu à prendre une position séparatiste ou fédéraliste? Non! Pourquoi en serait-il différent pour le RLQ? D'ailleurs, est-ce que l'IEDM exclut le reste du Québec par son nom?

    Je ne sais pas de quel vent vous parlez... Les vents populaires influencent les partis, mais les groupes de pression, beaucoup moins.

    La conférence, en terminant, de Maxime Bernier était fort intéressante. Si on appliquait la constitution canadienne, le Canada serait un pays plus décentralisé. Ce qu'il manquerait encore, et je suis d'accord avec le député de Beauce là-dessus, c'est qu'il faudrait aussi décentraliser le provincial, ramener les pouvoir et la gestion près des gens. Dans les régions, dans les villes, les hôpitaux, les écoles.

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  2. Mon flair ne m'a pas trahi: vous venez effectivement de Québec. Votre message a provoqué plusieurs réflexions de ma part, et je vais vous répondre avec un nouvel article.

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  3. Voici ma réponse: http://lesamisdelaverite.blogspot.com/2010/11/reseau-liberte-quebec-et-tea-party.html

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